Une femme obstinée

Fabbia était particulièrement déçue. Elle avait enfin trouvé cette fameuse confrérie, celle où son frère et son cousin s'étaient engagés : La Fin des Temps. Elle l'avait elle-même intégrée. Et alors qu'elle touchait au but (n'avait-elle pas rencontrée ce fameux Helder ainsi que l'elfe Noredhel ?) ses espoirs de retrouver ces deux parents s'éloignèrent à nouveau. Pourquoi le sort s'acharnait-il contre elle ? Juste quand elle approchait de son but, cette confrérie se disloquait. Mais tout n'était pas perdue : elle avait pu trouver différentes adresses dans la maison de confrérie, et notamment celle de ce fameux chasseur elfe qui avait aidé ces deux idiots qui ne donnaient plus de nouvelles. Golorel Avorladh, 1 rue de la rive, Eryn Vrithon, résidences de Falathorn avait-elle lue. Et bien soit, elle irait chez les elfes et secouerait ce-dernier jusqu'à ce qu'il lui dise tout ce qu'il savait.Elle sortit donc du Poney Fringant et commença à marcher. Elle devrait un de ces jours s'acheter un cheval. Cette femme, Hayley, n'était-elle pas du Rohan ? Peut être qu'elle pourrait lui indiquer où trouver une bonne monture... Alors qu'elle en était là de ses pensées, elle manqua de bousculer une jeune humaine.

_ Oh, excusez-moi. Peut être pourriez-vous m'aider mademoiselle...
_ Je m'appelle Norfolk, lui répondit celle-ci.
_ Norfolk ? Ce nom lui disait quelque chose, mais elle ne se souvenait plus quoi exactement...

"Vous devriez regarder ou vous mettez les pieds, jeune fille. Vous êtes comme toutes les jeunes gens de cette génération, pressée !! Mais ou allez vous de ce pas si rapide ? " demanda Norfolk, un peu irritée. Elle avait failli être par terre par la faute de cette jouvencelle.

" et puis, la moindre des politesses, c'est de s'excuser et de se présenter. Vous avez demandé mon aide, mais ne comptez pas sur moi si cela concerne une chose malhonnête , car la fille de Golorel ne fait pas des choses malhonnête ."

_ Mais je me suis excusée ! Vous êtes la fille de Golorel, dites-vous ? Comment est-ce possible ? Vous êtes humaine et ce Golorel est un elfe d'après ce que j'en sais. Cette jeune femme commençait à l'agacer. Non seulement elle n'avait pas daigné remarquer ses excuses, de plus elle l'accusait de vouloir faire quelque chose de mal... Mais pour qui se prenait-elle ? Non, elle devait se calmer ; ce n'était pas le moment de s'énerver. Pas maintenant alors que la chance revenait. Elle connaissait manifestement le chasseur elfe, peut être aurait-elle des nouvelles de Faroma ou de Gortrak...

" Chère demoiselle, oui je suis bien la fille de Golorel, elfe de la Forêt noire,et j'accepte vos excuses, mais tachez de voir ou vous allez la prochaine fois ! " répondit un peu brusquement Norfolk. Décidément, cette jeune fille avait du tempérament, pensa t-elle !

" Parmi les elfes, il est de coutume de prendre sous son aile un humain et de veiller à son éducation, aussi étrange que cela puisse paraître. Ne connaissez vous pas l'histoire de Turin qui a été élevé à la cour du roi Thingol lui même. Votre éducation laisse à désirer jeune fille, euh votre nom déjà, et quelle aide puis je vous apporter ?"

Rester calme... Ne pas perdre contenance... C'est Faroma et Gortrak qui prendront le moment venu...
_ Désolé de vous avoir bousculée. Je m'appelle Fabbia et je suis une maîtresse du savoir originaire de Dale. En fait, je cherchais à me rendre chez votre père, mais puisque vous êtes là, peut être saurez-vous me donner les informations dont j'ai besoin... Je suis la soeur de Faroma, capitaine du Gondor (bien qu'originaire de Dale...) et également la cousine du champion du Gondor Gortrak. Cela fait un moment que je n'ai pas de nouvelles et donc je suis venu ici pour les retrouver et leur botter les fesses de me laisser comme ça sans nouvelles. Et au moment où je tenais le bon bout, j'avais rencontré Helder et Noredhel, votre confrérie La Fin des Temps, confrérie à laquelle ils appartenaient, a éclaté. Et comme dans les lettres de mon frère le nom de Golorel revenait souvent, je me suis dit qu'il pourrait probablement m'indiquer où sont ces deux gredins. Et vous, le sauriez-vous ?

"Fabbia, joli nom ! Maître du savoir . Et bien voilà. Ce n'était pas compliqué ! " répondit Norfolk en souriant. " Et vous cherchez Gortrak " " oui, je le connais " " et vous êtes de sa parenté !" " et il vous a laissé sans nouvelles " " ceci n'est pas bien " " et dire que nous l'avons accepté dans notre confrérie " " c' est mon père qui l a voulu !" " mais comment pourras t il s'occuper de la confrérie s il ne s occupe pas de sa famille ! C' est inadmissible ! Allons le trouver ensemble , ma petite ! J' aurais deux mots à lui dire. Aux derniéres nouvelles, il était aux environs de Ost Guruth ! " Au fur et à mesure que Norfolk réfléchissait à voix haute, elle s'énervait toute seule, car pour elle la famille était sacrée et entrainait des responsabilités qui étaient prioritaires sur tout, y compris la lutte contre Sauron. La main de l'ennemi se voyait comme à l'oeil nu dans les querelles familiales.

Et voilà que maintenant elle lui donnait du "ma petite"... Non mais pour qui... Calme toi Fabbia, elle est là pour t'aider. Elle propose même de t'accompagner voir Gortrak.

"_ Les Terres Solitaires hein ? Alors vous devrez me protéger car je n'ai pas encore une expérience très poussée du combat face à l'ennemi. Il parait que là-bas on peut y rencontrer des orques portant la marque de la main blanche, ainsi que des ouargues et des trolls... J'en tremble rien que d'y penser... Mais si Gortrak est à Ost Guruth, il va m'entendre, troll ou pas troll !"

Et voilà les deux jeunes femmes en train de marcher vers les Terres Solitaires tout en discutant...

" Oh comme c'est trôle ! " répondit Norfolk à sa compagne. Mais elle eut l'impression que sa remarque qu'elle aurait voulu comique tombait à plat et elle ne poursuivit pas sur ce terrain là. " Bien notre première étape sera l'auberge des terres solitaires. Je ne pense pas que cela sera dangereux, mais on ne sait jamais ! entre Bree et cette auberge, il y a de moins en moins de passage, mais pour plus de précaution, ma jeune amie, nous irons par la route. Pas question d'emprunter des raccourcis ! Je veux bien vous accompagner, mais c'est moi qui aurais le dernier mot . C'est d'accord ? "

"_ Le dernier mot ? Si vous voulez parler de Gortrak, alors je pense qu'il ne pourra vous entendre ; j'ai une voix qui porte assez loin, d'ailleurs mon père s'en est toujours plein de cette voix... Par contre, pour suivre la route, il n'y a aucun problème ; je ne tiens pas à faire une mauvaise rencontre au milieu d'un bois... Cela dit, si Gortrak est bien là-bas, où peut bien être Faroma ? Mon frère ne le quittait jamais quand ils étaient ensemble alors que nous étions enfants. D'ailleurs, c'est pour le rejoindre qu'il a décidé de devenir capitaine du Gondor. Mon père aurait préféré qu'il reprenne sa place, capitaine de Dale, mais son amitié avec Gortrak est bien trop grande...

" Chére Fabbia, allons et voyons ce qu' 'il en est ! Je ne peux vous répondre au sujet de Faroma . Je ne me rappelle pas l'avoir rencontré. Gortrak devra nous donner des réponses. Profitons de la route pour s'exercer et réviser vos pratiques de maître du savoir. Savez vous vous faire obéir de votre familier ? "

Norfolk leva la main au ciel et siffla. De derriere une haie touffue surgit un immense ours brun. " ne vous fiez pas à son air placide. C'est un animal redoutable, avec un coup de pattes à réduire une armure, et un rugissement capable d'en effrayer plus d'un. Il se nomme Tourouk. "

"Tourouk, je te présente Fabbia." dit Norfolk au gigantesque animal. " nous allons faire un bout de chemin avec elle pour retrouver son cousin et son frére. Surveilles la bien et protèges la comme si tu le fais pour moi. " Le plantigrade secoua son énorme cou. Dans ses yeux on pouvait déceler de l'intelligence.
Il regarda Fabbia, s' en approcha et se mît à émettre un son ressemblant à une plainte. Il huma le sac de Fabbia qui était posé à ses pieds.
" Vous avez du mettre de la nourriture dans votre sac. Manger est la deuxième priorité de Tourouk "

Fabbia rigola. Cela faisait un moment qu'elle n'avait pas eu l'occasion de rire et cela lui fit du bien. Elle fouilla dans son paquetage et en sortit un steak délicieux.
"_ Tiens Tourouk, mange. Tu es un ours magnifique !" Elle lui caressa le dessus du crâne, ce qu'il sembla apprécier.

Après une longue marche, les ruines d'une petite ville apparurent au loin. Enfin elle touchait au but.

" Ce que voyez en face de vous, est Ost Guruth, une ville des Eglains quasi détruite par les assauts des orques. Mais comme vous pourrez le constater, les Eglains tiennent bon. Ils ont pour chef un dénommé Frédérique l'ancien."
Elles avaient eu chaud sur la route, vraiment chaud. Mais enfin, elles étaient arrivés à destination.

Verront-ils Gortrak ? se demanda Norfolk, mais elle ne voulait pas décourager la petite. " Ah la petite ", Norfolk savait bien que Fabbia n'aimait pas qu'elle l'appelle comme ça. Mais Norfolk s'était prise d'amitié pour elle, et petite dans sa pensée était, non un mot d'abaissement, plutôt un signe d'affection.

" Suffit Tourouk, arrête d'opportuner Fabbia ! Depuis l'auberge abandonnée, il ne vous a pas quitté des yeux, chère Fabbia, enfin plutôt votre sac, dirais-je !Et depuis qu' 'il nous a sauvé au Mont Venteux, en nous avertissant de l'attaque des gobelins, Il pense qu'il a droit à une petite récompense. Plus Tard Tourouk !

L'ours regarda Norfolk et se détourna de Fabbia. Il comprenait que l'urgence était ailleurs.

" Allons voir Frédérique et interrogeons ceux que nous rencontrons . "

"_ Ne le grondez pas, il est adorable. Mais il est vrai que pour l'instant, j'ai des choses urgentes... Ost Guruth, enfin. J'ai bien cru que nous n'y arriverions jamais... Mais nous voilà, saines et sauves."
Elle commençait à vraiment apprécier la compagnie de Norfolk, cette humaine adoptée par un elfe. Elle était également une maitresse du savoir, et une maitresse du savoir nettement plus puissante qu'elle même. Elle l'admirait un peu, elle qui manquait cruellement d'expérience. Mais assez perdu de temps ; il était temps d'interroger les gens du coin.

"_ Monsieur, excusez-moi de vous déranger mais je cherche quelqu'un que vous auriez peut être vu. Il s'appelle...
"_ Jeune demoiselle, je ne sais pas d'où vous venez, mais là d'où moi je viens on dit bonjour aux gens et on se présente. Vous savez, ici à Ost Guruth nous n'aimons pas beaucoup les étrangers. Et si vous avez besoin de renseignements, vous devrez les mériter."

Non mais pour qui se prenait-il celui-là pour lui parler comme ça ? Elle sentait sa patience s'étioler de plus en plus et si ça continuait comme ça, elle allait vraiment s'énerver...

Norfolk ne voulait pas intervenir mais au vu de la tournure de la discussion, elle fit un pas un avant:

" Bien le bonjour Frédérique. Est ce ainsi que l'on salue les vieilles amies, ou bien l'hospitalité n'a plus court chez vous ?"

Tourouk accompagna l'annonce de sa maitresse par un rugissement joyeux. D'autres que Frédérique auraient pu en être effrayé, mais l'ancien reconnut Norfolk et son familier.

"Norfolk, c'est vous ! Je ne vous avais point vu, cachée dans l'ombre! Cette jeune fille est donc avec vous ! Excusez ma rudesse, ma demoiselle, mais on ne saurait être trop prudent par les temps qui courent .Mais les amies de mes amies sont mes amis ! "

Et le vieil homme commença à leur raconter comment , il y a très longtemps, une jeune fille , il parlait bien entendu de Norfolk, était venu le voir pour lui proposer son aide. Il était intarissable et riait souvent, et Norfolk l'accompagnait. Tourouk gambadait tout autour d'eux.

" Stop, mon vieil ami, comme c'est agréable de te revoir, mais Fabbia que je te présente , recherche Gortrak, tu sais le champion du Gondor ! C'est son cousin ! Il était accompagné de Faroma, le frère de Fabbia lorsqu 'il partit de chez lui. Et Fabbia n' a pas reçu de nouvelles depuis longtemps. Pourrais tu nous tuyauter ? Toi à qui rien ne t'échappe de ce qui se passe dans ces terres solitaires ! "

"_ Bien sûr ma jeune ami. Faroma, je ne l'ai pas vu, je n'en ai même jamais entendu parler, je suis désolé. Par contre, Gortrak nous le connaissons bien. Il nous a souvent aidé, aussi bien à l'Auberge qu'ici, à Ost Guruth. Tenez, il me semble qu'il est encore dans l'enceinte. Vous le trouverez probablement aux forges. Prenez à gauche et suivez le son du marteau et vous ne pourrez pas le manquez. J'ai été ravi de vous revoir toi et ton ours Norfolk. Tu devrais nous rendre visite plus souvent. Quant à vous jeune demoiselle Fabbia, pardonnez-moi ma rudesse, mais vous comprenez, par les temps qui courent, on n'est jamais trop prudent.
"_ Pas de problème monsieur...heu...Frédérique. Je vous remercie pour les renseignements donnés, et vous m'ôtez un poids des épaules."

Fabbia se dirige donc vers l'emplacement indiqué par Frédérique d'un pas décidé. Norfolk la suit un peu en arrière. Assez rapidement, un homme se dessine à contre jour penché sur une enclume. La jeune femme reconnait immédiatement en lui son cousin.

"_ Gortrak Moonhawk, fils de Guilbert et Marianne Moonhawk, je crois que vous me devez des explications !"

Il allait enfin lui rendre des comptes ; Fabbia jubilait intérieurement.

Gortrak était penché sur son enclume en train de forger une épée qui lui avait été commandée lorsqu'une voix qu'il n'avait pas entendu depuis longtemps retentit à ses oreilles.

"_ Gortrak Moonhawk, fils de Guilbert et Marianne Moonhawk, je crois que
vous me devez des explications !"

Il se retourna et vit sa cousine Fabbia en compagnie de la fille adoptive de Golorel. Que faisaient-elles toutes les deux ici ? Et comment se connaissaient-elles ? Fabbia semblait être dans une journée où il valait mieux être son ami que dans son colimateur...

"_ Fabbia ! Et Norfolk, si je ne m'abuse, la fille adoptive de Golorel ? Cela me fait grandement plaisir de vous voir ! Mais que faites-vous là toutes les deux ?"

"_ Qu'est-ce qu'on fait là ? Tu te moques de moi Gortrak ? Cela fait des mois que je n'ai pas reçu de nouvelles, ni de toi ni de Faroma, et toi tu me demandes ce que je fais là ! Si tu continues de te moquer de moi, je t'envoie mon ours dessus, tu verras tu feras moins le malin... Toi tu passes ton temps ici, au milieu de nulle part à forger des armes et tu ne prends même pas le temps de m'écrire ! Et Faroma, il est où celui-là encore ?
"_ Heu, ben, je suis désolé Fabbia, marmonna le guerrier. Sa cousine était d'une humeur exécrable et le moindre mot de travers et elle exploserais. Et ça ne serait pas beau à voir. La dernière fois qu'il l'a vue se fâcher, des écuries à Minas Tirith avait en partie brûlée...
"_ Ah oui, tu es désolé ? Et bien moi aussi ! Et en plus, ça ne répond pas à ma question : où est mon frère ?
"_ La dernière fois que je l'ai vu, il traînait du côté du bois de Chet, aux alentours d'Archet... Ils voulaient m'accompagner à Ost Guruth, mais je le lui ai interdit ; c'est trop dangereux ici pour lui. Depuis, je n'ai pas eu de nouvelles...
"_ Archet tu dis ? Très bien... Je vais là-bas, mais n'essaye pas de le protéger... Si jamais j'apprenais que tu le cachais quelque part ici, vous le regretteriez tous les 2 ! Norfolk, avez-vous quelque chose à ajouter avant que je m'en aille ? Et peut être m'accompagneriez-vous jusqu'à Archet ? Vous avez beaucoup de choses à m'apprendre encore...

Norfolk regarda longuement Gortrak et son regard trahissait son humeur. Comment un homme pouvait il délaisser sa famille ? Oh, elle comprenait la soif d'aventure qui prenait les jeunes gens pour les lancer sur les routes de la Terre du Milieu, mais elle ne pouvait tolérer la fuite des responsabilité. Et la plus grande des responsabilités n'était pas d'abord celle de la famille. Norfolk se rappelait son enfance, elle qui avait été abandonnée par son père qui lui aussi avait pris la route de l'aventure ! Elle avait par la suite été adoptée par Golorel qui lui avait offert sa protection.

"oui, je vous accompagnerai à Archet " dit elle tout en continuant à foudroyer de ses yeux Gortrak.

Decidemment , cette route était interminable. Aucune rencontre, juste la route monotone, et la fatigue omniprésente. Même Tourouk semblait épuisé. Aucune parole échangée, Fabbia était silencieuse et ruminait sa colère contre Faroma.

Seuls les nicbriqueux faisaient crisser leurs ailes sous le soleil chaud. " nic brick, nic brick, .....", un son répétitif .

Et Norfolk, dans cette ambiance hypnotique revivait cette enfance qu' elle avait voulu oublier. Mais les souvenirs refoulés sont sournois et il suffit d'une brèche dans la conscience pour qu'ils resurgissent comme un diable de sa boite. L'occasion leur fut donnés par cette rencontre avec cette fille abandonnée par ses proches.

Et Norfolk revécut le départ de son père. Des cris, des pleurs, ceux de sa mère qui suppliait l'homme de ne pas partir, ses propres pleurs d' incompréhension , elle n'avait que 6 ans, et le bruit du sac a dos de l'homme qui tapait sur la ceinture, et la porte qui se referma bruyamment. Norfolk essayait de se souvenir de l'homme, mais la seule image qui lui revenait à l'esprit, était la boucle de son ceinturon, en forme de dragon rouge. Non, aucune image de son visage, juste le dos large et légèrement vouté, et la porte qui claquait alors qu'il partait !

Aujourd'hui , a 30 ans, Norfolk n'avait plus revu l homme, et sa mère était morte 5 ans après cet événement. Norfolk savait que c'était le chagrin qui avait fait son œuvre de destruction.
Norfolf se fit la promesse de comprendre ce qui s'était passé. Elle secoua la tête et regarda son amie qui marchait aussi d'un pas lent.

Que la route était monotone, mais au moins ici il n'y avait pas de danger. Elle connaissait le coin pour y être déjà venue peu de temps auparavant ; elle avait aidé les gens du coin à se défendre contre des bandits vivant dans le bois de Chet... Qu'allait-elle faire après avoir retrouvé son frère ? Devrait-elle rentrer à Dale ou bien rester ici et combattre l'Ennemi ? Si elle restait là, elle n'aurait pas à se morfondre en attendant d'improbables lettres. Le silence et ses propres réflexions faisaient encore monter sa colère.
Enfin Archet ! La route avait été longue et monotone mais c'était fini. Par où commencer ses recherches maintenant ?
"_ Norfolk, à votre avis, où devrait-on commencer à chercher ? Archet ? Le bois de Chet ? Combe ? Il y a plein d'endroit où Faroma pourrait se trouver...
Aucune des deux femmes n'avait parlé pendant le voyage et Norfolk sursauta au son de la voix de Fabbia...

Norfolk réfléchit un instant, puis répondit à Fabbia :

" je commencerais par le bois de Chet, si vous voulez mon avis. Ce bois est tellement dense qu' il abrite la majorité des bandits des alentours. Et bien sur, les apprentis héros y sont attirés comme le sont les mouches par le miel. Tous ceux qui veulent se faire un renom passe un jour ou l'autre par le bois de Chet. Mais d' autres encore plus nombreux y trouve plutôt un épitaphe. J'ai un plan. Emparons nous d'un de ces coquins qui infestent le bois, et soumettons le à la question. Tourouk sait faire parler même les muets. Je mettrai ma main au feu qu' 'il aura entendu parler de Faroma, mais soyez prêt à tout entendre, même l'éventualité la plus sombre. Qu'en pensez vous ? Fabbia ! "

"_ Oui, c'est une bonne idée. Allons-y."
Sur ces paroles, Fabbia part directement en direction du bois de Chet. Mettre la main sur un bandit et le secouer comme un pruneau, voilà qui lui plait bien. Assez rapidement, un feu de camp éclaire la forêt à une petite distance de là. Les 2 femmes comptent 4 bandits rassemblés autaour de ce feu ; rien dont elles ne puissent s'occuper seules, surtout avec l'aide de Tourouk.
"_ Norfolk, vous voyez ce petit feu de camp droit devant ? On va s'occuper d'eux. Qu'en pensez-vous ?"

"D'accord " répondit l'ainée. Et aussitôt dit, aussitôt fait !

D'un petit geste de la main, à peine perceptible, juste comme un tressaillement, Norfolk lança Tourouk sur le brigand le plus à droite. Il avait reçu l'ordre de faire peur et non de toucher . Et comme prévu, le voyou prit la poudre d'escampette. Tourouk le coincerait plus tard contre un arbre !

Mais les 3 derniers se retournèrent et regardèrent.... et leur courage revint au vu des 2 jeunes femmes. Ils s'avancèrent vers elles en prenant l'air le plus menaçant possible en criant et en brandissant leurs gourdins.

Norfolk regarda Fabbia et lui demanda d'en appeler à la force de la nature. Celle ci se manifestait en prenant la forme d'un ent, un gardien des arbres. Fabbia prit son bâton, et imita le berger des arbres en train d'écraser ses ennemis. Et de fait, une ombre gigantesque se leva et écrasa les 3 brigands. Le premier fut tué sur le coup, et les 2 autres assommés. Alors ce fut au tour de Norfolk, qui prit son baton, et le leva vers le ciel. Un rayon de lumière vient consumé le second.
Le troisième, revenu de son hébètement, regarda les corps , écrabouillement et incinération. Et il cria, non de rage, mais de peur, une peur bleue qui prend aux tripes, et en levant les mains se retourna, et courra, et courra et nul ne le revit plus jamais dans les bois de Chet. Il fut connut plus tard comme Bob le fou muet !

" Venez Fabbia, allons voir ce que Tourouk est allé pécher. je vous laisserai le soin de l'interroger , et n'ayez pas peur de menacer. Souvent ces gredins ne connaissent rien d'autre que la force. "

Les deux femmes se dirigèrent vers le brigand que Tourouk avait acculé...
"_ S'il-vous plaît, mesdemoiselles, ne le laissait pas me manger. Je suis père de deux enfants.
"_ Il fallait y penser avant de vous engager dans la voie que vous avez suivi ! Répliqua Fabbia. Maintenant, vous allez répondre à mes questions, et peut être que vous ne serez pas trop amoché...
"_ Oui, oui ; je vous dirais tout ce que vous voulez savoir.
"_ Très bien. Je recherche un homme. Mon frère. Il s'appelle Faroma. Il a été vu dans la région. C'est un capitaine du Gondor. Il manie une hallebarde et est toujours suivi de son héros. L'avez-vous vu ? Savez-vous où il se trouve ?
"_ Faroma ? J'en ai entendu parler car il nous a causé beaucoup de tort à nous qui vivons dans le bois de Chet. Mais je ne l'ai jamais rencontré... Cela fait un moment d'ailleurs que l'on n'a plus entendu parler de lui.
"_... Savez-vous s'il lui est arrivé quelque chose ?
"_ Ici ? Non, il ne lui est rien arrivé. Il était bien trop fort pour nous avec son ami... Je pense qu'il a dû partir chercher l'aventure ailleurs... S'il-vous plaît, laissez-moi partir. Je vous ai dit tout ce que je savais..."

Tourouk grogna et l'homme se recroquevilla sur lui un peu plus. Et Norfolk souria à Fabbia : devons nous le croire sur parole ou devons nous pousser la question un peu plus loin. Tourouk pourrait lui mordre la cheville, nous verrions bien si la vérité percera !! Alors, je donne le feu vert à Tourouk ? "